Le service postal et les oblitérations

1. Introduction et bref historique

L’origine du service postal remonte à l’époque romaine. En effet, les Romains avaient installé, le long des chaussées, des relais ou posta, à intervalles réguliers. Jusqu’à la révolution française, le service postal est associé, dans notre région aux familles Tours et Taxis, Maîtres des Postes depuis la nomination en mars 1500 de François de Taxis.

La période française : 1792-1815

L’annexion de nos contrées par la France va profondément bouleverser le paysage administratif, judicaire, militaire, social, religieux et postal. En effet, l’administration française prend le contrôle des postes et évince les princes de Tours et Taxis, par la loi du 16 frimaire de l’an V[1], suivant les instructions générales sur le service des postes, publié à Paris le 25 octobre 1792. Le fait marquant de cette période est la création du timbre à date. La chute de l’empire français conduit au rétablissement momentané, en janvier 1814, des postes de Tours et Taxis, jusqu’à la nationalisation des postes, lors du Congrès de Vienne[2].

La période hollandaise : 1815 – 1830

Au cours de la période hollandaise, le territoire postal est divisé en cinq districts, les postes belges faisant partie des 4ème et 5ème districts.

La Belgique : depuis 1830

Une administration nationale des postes est constituée juste après la révolution de 1830 par le gouvernement provisoire. Elle doit répondre aux besoins d’expansion, économiques et culturels du peuple belge. Cette administration dépend du Ministère des Finances et des gouverneurs des provinces. En 1830, il existe 62 directions de poste. En 1835, un service régulier des postes est établi pour toutes les communes du Royaume de Belgique. En 1836, les directions simples deviennent des perceptions et le service rural régulier est créé[3].

En 1835, les premières lignes de chemin de fer constituent un moyen moderne et innovant pour acheminer le courrier; le volume traité augmente considérablement. La poste et les chemins de fer sont regroupés au sein du Ministère des Travaux publics en 1837. Cette coopération va déboucher sur la création de bureaux de poste dits ambulants, car localisés dans un wagon de chemin de fer.

En 1841, le service rural est quotidien.

En 1849, les administrations des postes, des chemins de fer et des télégraphes sont fusionnées en une seule entité: l’administration des chemin de fer, postes et télégraphes.

Cette même année, un évènement marque l’histoire de la Poste: l’adoption du timbre-poste, en lieu et place du paiement à la réception[4].

[1] 6 décembre 1796

[2] Lors du congrès de Vienne en mars 1815, les territoires de l’ancienne principauté de Liège et des anciens Pays-Bas autrichiens sont réunis aux anciens territoires des Provinces-Unies pour former le Royaume des Pays-Bas.

[3] Une distribution de jour et une boîte aux lettre dans chaque localité sans bureau de poste.

[4] C’est-à-dire que l’envoi est payé d’avance en achetant le timbre et non plus payé par le destinataire lors de la remise du courrier. D’où le fait de la terminologie de perception de l’argent lié à l’achat du timbre-poste.

1849, 1er juillet. S.M. Léopold 1er, type Epaulettes, valeur de 10 centimes (nuances de brun) et de 20 centimes (nuances de bleu), filigrane encadré.

 

 

 

 

 

 

1849-1850, 17octobre. S.M. Léopold 1er, type Médaillons, valeur de 10 centimes (nuances de brun), de 20 centimes (nuances de bleu) et 40 centimes (carmin), filigrane encadré. Plus tard, les même timbres seront émis avec un filigrane simple. L’édition de timbres en 1858 sera la même, avec toutefois un médaillon plus arrondi et sans filigrane.

 

 

1863. S.M. Léopold 1er, type Médaillons allongés, valeur de 5 centimes (nuances de vert) de 10 centimes (nuances de brun) et de 20 centimes (nuances de bleu) et 40 centimes (vermillon). Ces timbres sont identiques à l’édition de 1861, mais sont dentelés.

 

 

1865-1866. S.M. Léopold 1er, profil gauche entouré d’un cadre, valeur de 10 centimes (nuances de gris), 20 centimes (nuances de bleus), 30 centimes (nuances de brun), 40 centimes (nuances de rose), 1 franc (nuances de violet).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1866-1867. Petit lion dans un ovale double, non dentelé pour la valeur d’un centime et dentelé pour les valeurs de 1, 2 et 5 centimes.

En 1872, la direction de la Marine est rattachée à l’administration des chemins de fer, postes et télégraphes pour devenir l’Administration des Chemins de fer, Postes, Télégraphes et Marine[1].

Le volume de courrier augmentant encore, dès 1875, des sous-perceptions sont créées un peu partout dans le pays. Des petits bureaux de poste sont également créés dans les villages et ne sont ouverts que quelques heures par jour; ce sont les dépôts de poste, généralement gérés par des habitants[2] de la localité. En 1879, la loi évolue et établit dans les villages desservis par des facteurs ruraux placés en relais, des dépôts qui doivent être gérés par ces facteurs: c’est ce qu’on appellera les dépôts-relais et par voie de conséquence les facteurs, des agents de dépôts-relais.

[1] La marine deviendra une administration à part entière en 1876, tandis que les chemins de fer se sépareront en 1877.

[2] Agents de dépôt

1869-1883. Lion couché avec chiffres et armoiries. Valeurs de 1, 2, 5 et 8 centimes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1869-1883. S.M. Léopold 2, profil gauche, valeurs de 10, 20, 25, 30, 40, 50, centimes, 1et 5 francs.

En 1884, le Ministère des Chemins de fer, Postes et Télégraphes est créé et confie à l’administration des postes et télégraphes le service postal et ce, jusqu’en 1888, date à laquelle est créée l’administration des postes qui perdurera jusqu’en 1971.

Le volume de courrier est toujours en expansion, la carte postale illustrée fait merveille. En 1899, on crée des agences de postes[1], généralement dans des commerces existants, pour faire face à la demande.

Lors de la Première Guerre mondiale, la Poste continue de fonctionner, mais sous le contrôle de l’occupant: censure, timbres allemands, contrôle drastique des envois, courrier aux prisonniers.

Dès les années 1920, l’avion et l’autobus viennent agrandir le parc des moyens de transmission du courrier. En 1929, le Ministère des Chemins de fer, Postes et Télégraphes est divisé en deux: le Ministère des communications et celui des postes, télégraphes et téléphones.[2]

L’essor de la poste est grand après la Seconde Guerre mondiale: des liaisons aériennes supplémentaires sont créées, le nombre de bureaux augmente ainsi que le nombre de boîtes aux lettres et de wagons ambulants.

Enfin, suite à de nombreux remaniements, la régie des postes (1971-1991), puis la Poste en qualité d’entreprise autonome publique (1991-2000) ou en qualité de société anonyme de droit public (2000-2010) deviendra Bpost, entreprise commerciale cotée en bourse.

[1] Sous la surveillance d’un percepteur

[2] Ils fusionneront en 1938, et scindés à nouveau en 1968.

2. Les oblitérations

2.1 Les oblitérations à dates

Les oblitérations à dates sont l’héritage de la période française et ont été mises en place par les instructions générales de 1792.

2.2 Les oblitérations à barres : 1er juillet 1849 – 14 avril 1864

Comme dit plus haut, le 1er juillet 1849, les Postes émettent deux timbres : 10 centimes brun et 20 centimes bleu, type Epaulettes. Le 10 centimes couvre les lettres de max. 10 grammes pour une distance de 30 kms, tandis que le 20 centimes couvre les lettres de max. 10 grammes au-delà des 30 kms.

Pour être certains que les gens ne réutilisent pas le timbre-poste, les bureaux sont pourvus d’un cachet d’annulation. La Belgique opte pour un système d’oblitération à numéro ascendant, suivant l’ordre des bureaux.

Les bureaux de direction et les perceptions utilisent des cachets à barres horizontales, parallèles aux chiffres (18 barres pour les directions, 17 barres pour les autres), classés par ordre alphabétique de 1 à 135.

Les bureaux de distributions utilisent des cachets à barres verticales, perpendiculaires aux chiffres, classés par ordre alphabétique de 1 à 65.

Les bureaux ambulants utilisent un cachet à barres horizontales ou verticales, avec la première lettre de leur ligne de chemin de fer, suivi d’un numéro d’ordre en chiffres romains.

Enfin, il existe aussi un cachet rural à 14 ou 18 barres, sans numéro, à l’usage du facteur lors de sa tournée journalière.

Très rapidement, ce système va montrer ses limites car d’une part, le nombre de bureaux de poste va augmenter et d’autre part, certains bureaux vont changer de classification : perception versus distribution suivant le volume traité.

2.3 Les oblitérations à points : 15 avril 1864 – 10 mars 1873

En 1864, l’administration décide, pour pallier les lacunes du système précédent, de mettre en place un nouveau cachet d’annulation à points, couplé à un tout nouveau système de numérotation. Le cachet sera en forme de losange, formé par une double rangée de points avec un numéro d’ordre au centre. Les numéros ne feront plus de différences entre perceptions et distributions et des numéros ‘vides’ sont laissés à la fin de chaque lettre de l’alphabet pour permettre l’ajout de nouveaux bureaux. Malheureusement, dès 1866, tous les ‘trous’ seront bouchés et le système de numérotation chronologique reprend le dessus. Les ambulants gardent la même numérotation, à quelques exceptions près et les cachets muets ruraux, ronds et à barres sont toujours d’application avec cependant, un format réduit.

2.4 Les oblitérations à cercles : mars 1873 – octobre 1910

Suite à l’augmentation du volume de courrier, l’administration décide de réformer son système d’oblitération et de ne plus mettre deux cachets: un d’annulation du timbre-poste et un autre à date à côté. A partir du 10 mars 1873, les services des postes sont autorisés à annuler les timbres-poste avec leur cachet à date uniquement et ne sont plus tenus d’apposer le cachet à numéro.

2.3.1 Doubles cercles : mars 1873

Les cachets se présentaient avec le nom du bureau ou du service ambulant entre deux cercles. Plusieurs bureaux possédaient en plus un cachet simple cercle avec la date et l’heure, suivie de M pour matin et de S pour soir.

2.3.2 Simple cercle : à partir de 1875

A partir de 1875, un cachet simplifié, à simple cercle remplace les cachets à doubles cercles et à heure double. A partir de 1900, dans certains cas, l’année n’est plus indiquée que par les deux derniers chiffres. La différence majeure réside dans la manière d’écrire l’heure. Jusqu’en avril 1897, l’heure était indiquée par les chiffres 1 à 12, suivis de M ou S, selon le cas. A partir du 1er mai, les heures seront indiquées en 24 heures, donc sans M ou S.

2.3.3 Dépôts et dépôts-relais

Afin d’éviter d’ouvrir trop de bureaux qui auraient à traiter un volume de courrier trop faible, l’administration en crée deux nouveaux types :

    – les dépôts qui sont établis chez des particuliers, souvent commerçants; leur activité se bornait à l’oblitération des timbres, à la régistration et à la vente de cartes postales et timbres. La distribution du courrier reste la tâche du facteur local.

    – les dépôts-relais eux, sont semblables aux dépôts, mais établis chez le facteur relais.

Ces deux bureaux utilisent le même type de cachet à simple cercle, mais avec deux petites étoiles placées de part et d’autre du nom.

A partir de 1910, les cachets bilingues font leur apparition pour les localités dont le nom est traduit. Les mois en lettres peuvent se trouver en chiffres romains et la taille des cachets est variable.

1964…L’incontournable calendrier ‘du facteur’ qu’il venait apporter dans chaque foyer, moyennant une petite dringuelle, parfois accompagnée d’une galette et d’une petite goutte.

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