Floriffoux – le cambriolage de la Saint-Nicolas 1955

La famille FOLON qui occupe la ferme située à l’angle des rues Oscar Gubin et Ferdinand Francot est victime d’un vol avec violences au cours de la nuit de la Saint-Nicolas 1955.

Mardi six décembre 1955, 5 h.30 du matin, alors que la fermière, Mathilde Romedenne et son beau-frère Lucien Folon, âgé de 86 ans, sont allés traire les vaches, un bandit armé d’un revolver et cagoulé surprend le fermier Eugène Folon, 76 ans, dans sa chambre à coucher.
Assis sur le bord de son lit, le vieillard – amputé d’une jambe – s’entend menacer («Si tu bouges, tu es mort») et sent l’arme pointée contre son ventre.
Le voleur masqué l’oblige à se retourner pendant qu’un comparse grimpé à l’étage s’emparait d’une somme approximative de cinq mille francs belges à laquelle il ajoutera l’argent du ménage, soit 400 à 500 fb, subtilisé dans le tiroir de la cuisine.
La scène ne durera pas plus d’un quart d’heure et lorsque peu après, Mathilde et Lucien rentrent de la traite du bétail, ils ne se sont aperçus de rien. Par bonheur, le fermier est sain et sauf et leur conte, émotionné, sa mésaventure.
Très rapidement, les gendarmes et la police judiciaire bientôt rejoints par le Parquet sont sur place et démarrent l’enquête. Un modèle du genre puisqu’ils réussissent, avec le concours des brigades de gendarmerie de Farciennes, Fleurus et Gilly, à appréhender le soir même les auteurs de ce lâche méfait.
Les deux voleurs, Robert Peeters de Fleurus et son frère Vital, de Farciennes, âgés respectivement de 23 et 27 ans, ainsi que leurs épouses considérées comme complices, passent des aveux complets et reconnaissent par la même occasion un vol antérieur de poules qui leur servit de répétition générale.
Renvoyés en correctionnelle,  les hommes écopent chacun d’une peine de quatre ans de prison pour le vol principal augmentée d’une peine de six mois pour le vol des poules. Pour complicité, leurs épouses se voient infliger chacune une peine de deux ans de prison. En outre, les deux frères sont condamnés à payer solidairement 3 568fb à la partie civile et mille fb à titre de dommage moral.
Le procès révèlera que les armes utilisées par les malfrats amateurs étaient d’inoffensifs jouets et que Robert Peeters, briquetier de son état, avait travaillé chez Eugène Folon à l’arrachage des betteraves et connaissait donc parfaitement les occupants de la ferme et leurs habitudes.

 

Extraits des journaux Vers l’Avenir des 7, 8, 30-12-1955 et 19-01-1956.

Quelques commentaires nous paraissent trouver leur place ici pour tenter de mieux appréhender les tenants et les aboutissants de cette triste affaire.
Les motivations.
Il semble qu’une fête de Sainte Barbe généreusement arrosée aurait entamé fortement les budgets des deux ménages concernés et les aurait poussés à commettre ces vols. On se rappellera que Sainte Barbe dont la fête tombe le quatre décembre est notamment la patronne des ouvriers mineurs et que Vital Peeters, l’un des deux frères incriminés, était lui-même mineur.
Était-ce la seule motivation ? Des vols antérieurs (pillage du poulailler, vol de betteraves et d’une bâche) nous font douter de l’honnêteté foncière de ces deux jeunes couples…

Les condamnations.
Pour justifier les lourdes peines décidées par le  tribunal correctionnel (quatre ans de prison pour le vol principal auxquels s’ajoutent des peines de onze ou douze mois pour les vols secondaires), le Président du jury rappelle que les intéressés ont cumulé les circonstances aggravantes: préméditation, menaces, usage d’armes (même s’il s’est avéré qu’il s’agissait de revolvers à bouchon), vol nocturne, escalade et effraction.
Cet ensemble impressionnant aurait pu leur valoir quinze ou vingt ans de travaux forcés.
Entendons par là que le tribunal a fait preuve de clémence et cela, même à l’égard des épouses qui écopent pour leur complicité (elles ont confectionné les masques utilisés lors de l’effraction) de deux ans de prison. Il convient d’ajouter à ces peines d’emprisonnement les amendes et indemnisations à l’égard des préjudiciés.
En l’occurrence, il s’agit bel et bien de prison ferme (aucune allusion n’est faite à un sursis éventuel) et par ailleurs, les peines alternatives ou travaux d’intérêt général n’existaient pas à l’époque. Dura lex, sed lex …

Conclusions.
Hormis la dureté de ces condamnations, ce qui caractérise cette affaire est sa lâcheté et son amateurisme.
Amateurisme, parce qu’il était à prévoir que les forces de police orienteraient leurs recherches vers des journaliers agricoles qui connaissaient parfaitement les occupants de la ferme ainsi que la disposition des lieux.
Lâcheté, car s’attaquer à des personnes aussi âgées, voire lourdement handicapées comme l’était Eugène Folon, en dit long sur la mentalité des agresseurs.
Nul doute que ce fait aura pesé dans la décision des Juges.
Enfin, nous devons souligner la qualité des articles du quotidien Vers l’Avenir tant pour le style que pour la précision des renseignements fournis.

 

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