Soye – funérailles d’un ancien combattant 40-45 – Emile DEBLIER

Nous reproduisons ci-dessous la relation des funérailles d’Emile DEBLIER, de Jodion, qui eurent lieu à Soye en mai 1954.
Nous remercions vivement M. Jean BODSON qui nous a transmis ce texte qu’il a rédigé après un patient travail de recherches d’identification des participants à l’ hommage de la population de Soye rendu à cet ancien combattant âgé de seulement 44 ans.

Enterrement d’Emile Deblier – mai 1954  

Emile Deblier habitait à Soye, plus précisément à Jodion, route de la Basse-Sambre (actuellement, le numéro 18). Ayant épousé Renée Thibaut, il était donc le beau-frère d’Hélène Thibaut, qui habitait tout près de là.

Hélène vient de décéder (le 14 décembre 2022), elle allait avoir cent ans cette année.  J’ai eu souvent le plaisir d’aller lui dire bonjour, parfois avec Dieudonné Pendville (qui était le cousin de Pierre Doumont, le mari d’Hélène), et ce fut l’occasion d’apprendre beaucoup de choses.

Elle nous montra par exemple les photos de l’album funéraire d’Emile Deblier et elle nous expliqua à son sujet un fait peu banal. Nous sommes en mai 1940. Emile combattait dans les rangs de l’armée belge lors de la campagne des dix-huit jours et, comme beaucoup d’autres, fut fait prisonnier. La voie normale était d’être conduit en Allemagne, dans un camp de prisonniers. Mais notre Emile n’alla pas plus loin que Namur. Il se trouvait dans un camion, avec d’autres captifs, et la paroi arrière du camion était ouverte.  Juste à côté de l’entrée du parc Louise-Marie, à Salzinnes, comme le camion était à l’arrêt, il n’hésita pas, sauta hors du véhicule, se cacha dans les buissons tout proches et… le camion repartit sans lui. Le hasard fait bien les choses : la grille qui donne accès au parc se trouve à quelques mètres du pont sur la Sambre, qui s’appelle aujourd’hui le … « pont de la Libération » !

Bien sûr, rentré à Soye, Emile Deblier ne pouvait pas se montrer en public. Il fut engagé par Élie Bauche à la ferme de Jodion pour des travaux dans des endroits où il n’était pas vu. Ainsi, il gagnait sa vie tout en restant en liberté.

Jetons maintenant un coup d’œil sur le journal Vers l’Avenir qui rendait compte de son enterrement en 1954.

« Soye – Funérailles d’un ancien combattant

Lundi, ont eu lieu, devant une foule considérable, les funérailles de M. Emile Deblier, ancien combattant de la guerre 1940.

Le cercueil, porté par les anciens combattants de Soye, était escorté par les enfants des écoles, la fanfare « L’Eveil » de Malonne, dont le défunt avait fait partie, le Conseil communal, représenté par MM. Denet, Gillain et Dumont, le président et les membres de la Commission d’Assistance publique, et les anciens combattants. Les drapeaux des anciens combattants 14-18, des déportés 14-18 et des anciens prisonniers de guerre 40-45 précédaient le cercueil.

Le cortège s’arrêta devant le monument aux morts des deux guerres où M. Marcel Dumont, président de la section locale de la F.N.A.P.G., rappela brièvement le passé du disparu qui avait fait toute la campagne des dix-huit jours au sein d’une unité des Chasseurs Ardennais et qui, après avoir été fait prisonnier, s’était évadé à deux reprises avant de pouvoir rejoindre sa famille. Après ce discours, « L’Eveil » exécuta la sonnerie « Aux Champs » et la « Brabançonne » en sourdine.

Au cimetière, M. Colon, président de « L’Eveil », apporta au défunt le suprême adieu de ses amis de la fanfare. »

Voyons maintenant les photos de son album funéraire. Plusieurs personnes nous ont aidé à reconnaître les gens qui y figurent, qu’elles en soient vivement remerciées – même si, pour les deux premières, c’est à titre posthume : Hélène Thibaut et Dieudonné Pendville, Roger Thiry, Yvette Doumont (la fille d’Hélène Thibaut), Albert Gillain, Annie Noël, Jeanine Defrène, Agnès Van den Abeele, André Bodson.

Photo 1 : portrait d’Emile DEBLIER

Photo 2 – C’est le début du convoi funéraire qui, venant de Jodion (rue de Spy), se dirige vers l’église de Soye. Il passe devant la maison d’Albert Gillain.

 

En tête, le garde-champêtre, Célestin Langelez. Suivent, sur deux rangées, les élèves de l’école du village.

Au milieu, l’instituteur, le « maître » Lucien Legrain, et au bout, l’institutrice, Madame Nelly Burton.

Rangée de droite : Le 1er : Pierrot Dallemagne ; Le 2ème : Pol Vandy (né en 1942). ( ?) ; La 3ème : Josée Gilet ; La 4ème : Jeanine Defrène ; La 5ème : Micheline Nicolas (née en 1943) ; La 6ème : Marcelle Mehaignoul ; La 7ème : Paulette Langelez ; La 8ème : Agnès Van den Abeele ; Le 9ème : Jean-Claude Marbout ; Le 10ème : André Vervoort. ( ?) ; Le 11ème : Claude Dumont ; Le 12ème : Joseph Vassart (né en 1946) ; Les 7 enfants suivants n’ont pas été reconnus.

Parmi les trois filles qui se trouvent à la fin de la rangée, derrière le maître Legrain, la première est Christine Rubay (née en 1945), celle du milieu est Noëlla Dessy et la dernière est Marie-France Laurent.

Rangée de gauche : Le 1er : ? ; Le 2ème : Walter Van Kerkove ; Le 3ème : ? ; La 4ème : Solange Colinet ; La 5ème : Yvette Nigot ; La 6ème : Jocelyne Georges ; La 7ème : Angèle Tomasi ; La 8ème : Rose Lessire ; a 9ème : Rose Thiry ; La 10ème : ? ; La 11ème : Maria Vandevorst ; La 12ème : Liliane Thireur ; les filles suivantes, qui précèdent Madame Nelly, n’ont pas été reconnues.

Photo 3 – Après les enfants des écoles s’avancent deux hommes tenant une couronne de fleurs. Il s’agit de Léon Mehaignoul et de son fils Fernand. Ils habitaient la longue maison en oblique par rapport à la route près de la ferme de Jodion. Ils travaillaient à la ferme et c’est sûrement la raison pour laquelle ils portaient une couronne : en effet, Emile Deblier travaillait aussi à la ferme (cf. introduction) et il était garde à l’étang du château de Soye.

Après les Mehaignoul père et fils, Camille Dumont, qui tient une plaque commémorative en l’honneur d’un ancien combattant.

Il est suivi de deux jeunes, dont l’un tient une gerbe de fleurs. Derrière eux, à droite, Dieudonné Pendville, qui porte un beau chapeau noir. À son côté, Joseph Nicolas (le papa de Micheline).

Vient ensuite la fanfare « L’Eveil » de Malonne, dont le défunt avait fait partie. En première  ligne, jouant du tambour, Jules Mallien.

Photo 4 – En première ligne de la fanfare, on distingue aussi une autre personne qui joue de la « petite caisse » : lui aussi s’appelle Jules Mallien, il est le père du précédent qui joue aussi du tambour. À la rangée suivante, au milieu, jouant de la trompette : Roger Gillain, fils d’Henri Gillain et d’Esther Nigot, qui habitaient au château.

Après la fanfare, au fond : le Conseil communal, le président et les membres de la Commission d’Assistance publique et les anciens combattants : Ernest Gillain – Gustave Denet – Lucien Louys – Henri Burton – Herman Grégoire – Marcel Dumont – Joseph Bodson – René Bierlaire.

Photo 5 – Le corbillard était tiré par un cheval, le conducteur était Jules Méan.

La famille est juste derrière, d’abord les hommes, comme c’était la coutume à l’époque.

1er rang : au centre, Célestin Thibaut, le père des trois sœurs Thibaut, qui habitait route de la Basse-Sambre, n° 18, en face de chez Jules Ramlot ; à gauche, Fernand Lambiotte, policier à Namur, époux d’Yvonne Thibaut ; à droite, Joseph Deblier, frère du défunt.

2ème rang : à gauche, derrière Fernand Lambiotte, son fils Louis Lambiotte (qui porte en signe de deuil une bande noire au revers de sa veste) ; au centre, Emile Deblier, fils de Joseph et filleul du défunt (il porte aussi une bande noire au revers de sa veste) ; à droite, Pierre Doumont, époux d’Hélène Thibaut.

3ème rang au centre : Albert Vandevorst.

3ème rang des femmes : à gauche, Marguerite Romain et à côté d’elle Elisabeth Romain (épouse d’Albert Vandevorst), les sœurs de Victor Romain (celui-ci étant le grand-père de Micheline Courtois).

Photo 6 – Après les hommes, les femmes.

Les trois premières, à côté l’une de l’autre : à gauche, Hélène Thibaut ; au centre, Yvonne Thibaut, sœur d’Hélène et épouse de Fernand Lambiotte ; à droite, Joséphine, épouse de Joseph Deblier (la gamine derrière elle est sa fille, Rose Deblier). À noter : la troisième sœur Thibaut, Renée, épouse du défunt, n’assistait pas à l’enterrement.

NB : deux rangées après Hélène Thibaut, la personne très âgée, maigre, avec un chapeau, est peut-être sa maman.

Photo 7 – La première personne que l’on distingue très bien, à la 1ère rangée à gauche, est Léa Husson, « Madame Méan » – l’épouse de Jules Méan. Juste à côté d’elle, à l’avant-plan : Rachel Mucie, et à leur droite : Madame Vits (maman de Claudine Vits). Derrière Madame Méan, à la 2ème rangée, l’homme âgé qui se déplace avec une canne serait Edmond Baily, père de Marie Baily – Descurieux, grand-père d’Anne-Marie Descurieux.

Même rangée, un peu plus loin : Victorine Grolet (épouse de Victor Pégel, chapeau blanc) et Yvonne Martin, qui fut coiffeuse à Floriffoux.

À la 3ème rangée, la dame qui tient son vélo est Zélie Bruyr, épouse d’Arthur Pendville (frère de Joseph Pendville, papa de Dieudonné). Sa fille Marthe Pendville était réputée dans le village pour son talent à jouer du piano : elle était professeur au conservatoire. À côté d’elle,

x     –  Mme Georges (maman de Célestine, Adi et Jocelyne) – Hélène Renard – Émilia Hardenne.

Et derrière ces deux dernières personnes : Jacqueline Bouchat (épouse de Victor Cheffert), sa maman Gabrielle Dallemagne et Anne-Marie Descurieux.

Photo 8 – Le décor a changé : nous ne sommes plus maintenant devant la maison d’Albert Gillain mais le cortège est arrivé sur la place, devant le monument aux morts.

Fernand et Léon Mehaignoul portent toujours leur couronne de fleurs.

À droite, de profil, Marcel Dumont, président de la FNAPG, lit son discours.

Camille Dumont tient toujours la plaque commémorative.

Le cercueil du défunt, recouvert du drapeau belge, est porté par huit personnes – on en distingue cinq ici : à gauche, Émile Rousseau, Grégoire Herman, Henri Gillain, Jean-Baptiste Struyf ; à droite, Henri Burton et ………………

Photo 9 – Les mêmes que sur la photo 8, vus de dos.

Photo 10 – Le cortège, emmené par le curé Ledoux, se dirige vers l’église.

Les porteurs du cercueil, à gauche, derrière Henri Burton : Gustave Denet, Lucien Louys, René Bierlaire. Derrière eux, à l’avant du cortège : Marcel Dumont et Ernest Gillain.

Photo 11 – Dans le chœur de l’église de Soye.

Photo 12 – Au cimetière.

Jean BODSON – mai 2023

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En complément de cet article très fouillé, nous joignons deux articles du journal Vers l’Avenir consacrés à cet événement, datés respectivement du 29 mai 1954 et du 3 juin 1954.

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