Floreffe-Buzet – Arthur PATINY – de maître de classe à pilote de chasse
Entre Sovimont et le Piroy, la rue Arthur PATINY traverse le hameau de Buzet de part en part. Mais qui est-ce ? D’où vient ce toponyme ?

Sa jeunesse
Arthur, Albert, Ghislain PATINY voit le jour à Floreffe le vingt-trois septembre 1919. Fils de Joachim et d’Odile BARTHELEMY, il est le benjamin des cinq enfants du couple domicilié à Buzet. Sa scolarité maternelle et primaire se déroulent à l’école communale de Buzet. Il poursuit ses études secondaires à l’Institut Saint-Berthuin de Malonne et intègre ensuite l’Ecole normale à Malonne également. Fin juin 1939, les résultats de la 96ème promotion tombent : Arthur obtient son diplôme d’instituteur avec la mention distinction (648 1/2 points/845). Il n’aura malheureusement pas l’occasion de professer directement. Les bruits de bottes se font entendre un peu partout en Europe et le vingt-neuf juillet 1939 la Belgique décrète la mobilisation.
Sous les drapeaux
Arthur est mobilisé au 2e régiment de Chasseurs à cheval qui fait partie de la 2e division de cavalerie de l’armée belge. A cette époque, les chevaux ont disparu du régiment et sont remplacés par des motocyclettes. Il intègre le régiment comme milicien avant d’être promu au grade de brigadier (29/08/1939), puis maréchal-des-logis (15/01/1940).

Le dix mai 1940, il rejoint son régiment de Chasseurs à cheval, IIe groupe/6e escadron. Le lendemain, il est dans la région de Herbet-Bomal-Waremme, puis passe par Hannut, Tirlemont et Namur. Le douze mai, il est légèrement blessé à Châtelet. Il poursuit son périple belge durant la campagne des dix-huit jours par Mons, Bruxelles, Alost et Gand. Son dossier militaire nous apprend qu’ensuite, il passe en France et se retrouve à Saint-Omer, Dunkerque et Bergues. On retrouve ensuite sa trace à Yzerenberg et ensuite, le vingt-huit mai à Ramskapelle, où il est fait prisonnier par les Allemands. Il passe les mois de juin, juillet et août aux camps de Brasschaat et d’Anvers et est libéré le cinq septembre 1940. Dégagé de ses obligations militaires (congé illimité), il reprend alors sa fonction d’instituteur à Malonne pour quelques mois seulement.
Départ pour l’Angleterre et incorporation dans la R.A.F.
Arthur décide, en mai 1941, de quitter la Belgique pour tenter de rejoindre les Forces belges libres en Angleterre. Il part le vingt-neuf mai, pour la France, y est arrêté deux jours sur la « ligne Rouge » (ligne de démarcation entre la zone occupée et la zone libre). Il passe ensuite par l’Espagne (20 novembre 1941), le Portugal, et arrive à Gibraltar le vingt-trois novembre, presque cinq mois après avoir quitté la Belgique. L’attente commence pour notre compatriote. Une fois les vérifications d’usage et autres formalités remplies, passeport britannique en poche, il s’embarque à bord du vapeur Batory et arrive à Greenock, en Angleterre, le huit janvier 1942. Il s’engage alors comme volontaire pour la durée de la guerre au sein des Forces belges en Grande-Bretagne où, dans un premier temps, il est affecté à la compagnie administrative du ministère de la Défense Nationale. Le deux février, il passe au camp Malvern, centre de recrutement et d’instruction et y séjourne jusqu’en avril 1942. Le seize avril, il est muté, à sa demande, au dépôt d’aéronautique militaire, où commence son entraînement de pilote et son rattachement à la R.A.F. Le vingt juin, il intègre donc la R.A.F. au grade de Aircraftman 2nd class et est officiellement affecté à la section belge. Il passe ensuite au Receiving Centre Regent’s Park le vingt juillet et le huit août est affecté au 17th Initial Training Wing à Scartborough. Le trente octobre, son entraînement se poursuit à la 6th Elementary Flying Training School de Sywell, où il est promu Leading Aircraftman (notion de cadre dans la R.A.F.).
Le premier janvier 1943, il est affecté au 2nd Aircrew Dispatch Centre à Manchester, puis le dix-huit à celui d’Ottawa (Grande-Bretagne). Le vingt-deux février, il rejoint la 31st Service Flying School à Winton, puis le dix-neuf avril la 34 th Service Flying School à Medecine Hat et enfin le six août 1943, le 31st Personnel Dispatch Centre, avec le grade de Pilot Officer, correspondant pour l’armée belge, au grade de sergent-pilote d’aviation. Le premier septembre 1943, il rejoint le 7th Personnel receiving Centre à Harrogate et le six décembre, la station de la R.A.F. de Sywell. Il est commissionné au grade de sous-lieutenant auxiliaire d’aéronautique, à la date du vingt-six décembre, pour une durée indéterminée et ce, par arrêté des Ministres réunis en Conseil à Londres, sous le numéro 171/23.12.43. Le six février 1944, il est promu au grade de Flying Officer. Le huit, il rejoint la 5th pilot advanced Flying Unit à Ternhill et le huit avril la 53rd Operational Training Unit à Kirton-on-Lindsay.




Douze juillet 1944 : le drame
Le neuf juin 1944, soit trois jours après le D-Day, il est affecté au 84th Group Support Unit, pour ensuite rejoindre son affectation définitive, le sept juillet, au 349e (Belgian) Squadron. Il meurt, accidentellement le douze juillet, lors d’un exercice de combat rapproché, à Burgess Hill (Sussex, 70km au sud de Londres) aux commandes de son Spitfire LF Mk IX, code NH484, immatriculé ‘GE’, dénotant son appartenance au 349e (Belgian) Squadron. Il sera inhumé le dix-sept juillet dans le cimetière militaire de Brookwood (près de Woking, dans le comté de Surrey). Voici le rapport d’accident et sa traduction :

– Décédé pendant un entraînement, l’avion s’est écrasé à Burgess Hill. – Avion : Vickers Supermarine Spitfire, modèle LF Mark IX, immatriculé NH 484, 349ème Squadron (NDLR : belge) – Rapport des circonstances de l’accident Le Flying Officer Patiny a pris part à un exercice de combat rapproché, à une altitude de 10.000 pieds (NDLR: environs 3.300 mètres). Durant quarante minutes, vol en formation, attaque simulée…se sont déroulés sans problème. Durant un combat fictif, Patiny a dû perdre le contrôle de son avion et a plongé vers le sol, sous un angle de 45°. Il a essayé de redresser son appareil ; cependant cette tentative, trop tardive et trop près du sol, n’a pas réussi. La cause de cette perte de contrôle n’a pas pu être établie avec certitude, mais il ne semble pas qu’elle soit due à un incident technique/mécanique. L’opinion des enquêteurs est que le pilote a eu un malaise lié au vol ou a été inconscient pendant quelques secondes.
Par arrêté du régent n°5231 du trois août 1948, Arthur PATINY est commissionné au grade de lieutenant auxiliaire d’aéronautique avec effet rétroactif à la date du vingt-six mai 1944. Quelle abnégation, que de volonté et de persévérance dans le chef de notre concitoyen! Au vu de ce qui précède, il est clair qu’un parcours comme le sien est remarquable et dénote une volonté inébranlable, non seulement de servir son pays, mais également de devenir pilote de chasse. Lecteur… souviens-toi !


1. Calot d’aviateur de la R.A.F.
2. Carnet de vol
3. Croix de Chevalier de l’ordre de Léopold II
4. Croix de guerre 40-45 avec palmes accompagnée de la citation suivante :

6. Croix de Chevalier de l’ordre de Léopold à titre militaire
7. Croix des évadés de Belgique remise à titre posthume le 28 août 1947 ; voici la demande :
9. Insigne métallique des forces belges en Grande-Bretagne
Les différents hommages
A l’Institut Saint-Berthuin de Malonne
L’hommage y a lieu le dimanche sept juillet 1946. La cérémonie est relatée comme suit le lendemain dans les journaux La Meuse (édition de Namur) et Vers l’Avenir.



78 ans après son inauguration, la plaque portant le nom d’Arthur PATINY se situe toujours dans la cour à l’entrée de l’école primaire Saint-Berthuin (Fond de Malonne, à peu près en face du sanctuaire du Frère Mutien). Malheureusement, elle a subi les outrages du temps (photo ci-contre de Jean-Claude Guyot prise en 2024), il y manque une vingtaine de lettres… Nous espérons que cet article permettra de sensibiliser l’Institut Saint-Berthuin à la situation.
A Buzet-Floreffe lors du rapatriement de la dépouille mortelle.
Par un courrier du Cabinet du Gouverneur de la Province de Namur daté du vingt-et-un octobre 1949, le Bourgmestre de Floreffe est informé que le corps d’Arthur PATINY sera rapatrié en Belgique le mercredi vingt-six octobre 1949 et arrivera le lendemain à l’administration communale où un local sera à préparer afin de permettre aux citoyens de lui rendre hommage. Le vingt-quatre octobre 1949, un avis à la population est diffusé.
Entre le vingt-sept octobre 1949 à 14h00 et le vingt-huit octobre 1949 à 14h00 une garde d’honneur composée de membres de la F.N.C. veille sans discontinuer le corps d’Arthur PATINY. Les funérailles solennelles se tiennent le dimanche trente octobre 1949 à dix heures en l’église Saint Ghislain de Buzet. Différents quotidiens régionaux ont relaté les différentes étapes de la cérémonie d’hommage entre le vingt-six octobre 1949 et le premier novembre 1949, nous publions ici les contenus les plus exhaustifs, ceux du Journal Vers l’Avenir :




Le caveau (n°32) de la famille PATINY-BARTHELEMY au cimetière de Buzet-Floreffe, où Arthur repose.

Les commémorations
Sous l’impulsion de quelques passionnés d’histoire locale, dont notre regretté ami André LESSIRE, l’idée germe, en 2014, de commémorer les septante ans de la mort d’Arthur PATINY. Cette commémoration aura lieu en deux volets : l’un, à Burgess Hill, au Royaume-Uni, en présence des autorités civiles et militaires, avec la pose d’une plaque commémorative dans un square de la ville, l’autre avec le placement d’une plaque commémorative sur la maison natale d’Arthur à Buzet-Floreffe.
A Burgess Hill


A Buzet-Floreffe

Devant la maison natale d’Arthur PATINY, de gauche à droite : André LESSIRE, Anne WILMOT, Albert DEBATY, Fernand BADOUX..

Un article dans le bulletin communal d’information d’octobre 2014 évoque ces cérémonies.



Hervé Legros et l’équipe Bibliotheca Floreffia– Janvier 2025.
0 commentaires